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Nouvelle caméra, première approche et premières images, selon Philippe Ros.

Le chef opérateur Philippe Ros, pratiquant (pas forcément croyant !) du numérique depuis les débuts, a mené au printemps dernier quelques premiers essais de la caméra sortie il y a quelques mois par Sony, la PDW-F800, dans la série des XDCam 422. En clair, on en parlera comme de la 800 qui tourne sur Blu-Ray, ça suffira largement.
Il n’est pas question ici de vous rapporter le bilan intégral que Philippe a pu établir après cet essai, mais d’évoquer sa manière d’évaluer une caméra au premier abord.


On verra qu’il en découle toute une façon d’envisager le travail en numérique. On en profitera pour réviser/découvrir quelques notions essentielles de la vidéo : prenons notre temps pour lire, comprenons tout, puis oublions-le : ça reviendra au moment crucial (achat ou location de caméra, discussion avec la postprod ou avec votre chef op…).

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Il y en a un autre que ça intéresse...
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Il était entouré de Stéphane Azouze, Mathieu Lamand, une jolie jeune femme pour être filmée, et nous lui avons filé un coup de main (c’est toujours utile, quelqu’un pour tenir la mire).

Tout d’abord, le premier avantage de la machine, selon Philippe, est le support d’enregistrement : le Prodisc Blu-Ray (un DVD Blu-Ray encapsulé dans un étui plastique solide). Pas de données à gérer, pas de carte à vider, les rushes sont stockés sur support physique comme les bandes, à l’ancienne. C’est accessoire, mais ça peut en faire réfléchir certains, qui ont déjà été confrontés au problème des datas volantes, stockées sur le PC ou le Mac Book de l’assistant caméra pendant le tournage…
Autre fonction intéressante : on peut directement choisir des clips (chaque prise est un clip) pour en envoyer un proxy immédiatement par internet. On peut même effectuer un prémontage des prises, et les visionner en direct sur le plateau, pour vérifier des enchaînements de plans par exemple. A condition d’avoir le temps, bien sûr...

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chambre noire de terrain pour bien regarder le moniteur

Passons à la caméra proprement dite. Il n’est pas question pour Philippe d’utiliser la caméra en mode « normal » de prise de vues. En l’occurrence, les pré-réglages du prototype prêté par Sony France (merci Fabien Pisano) ont été mis de côté, pour profiter des menus de la caméra et, je cite Philippe, pour « tordre » la caméra. Tous les réglages qu’il utilise sont faits pour évaluer diverses performances de la captation. Deux avantages de la caméra :

- C’est du vrai 1920 par 1080 en nombre de pixels ;

- La « tête » de la caméra est en 14 bits (mesure de la quantification de la caméra, c’est-à-dire le nombre de nuances de couleurs captées), l’enregistrement est en 8 bits (une image en noir et blanc sans nuances de gris est à 1 bit, l’enregistrement du Beta Num est en 10 bits, le HDCam de la Sony F900 en 8 bits).

Le « 422 » du format XDCam signifie que la bande passante des informations pour « coder » la couleur, la chrominance, est divisée par 2 par rapport aux informations pour coder la luminance (les valeurs de gris) ; c’est la fréquence d’échantillonnage 4:2:2.

Philippe a travaillé sur des courbes de contraste (courbes User Gamma), créées par Olivier Garcia de HDSystems pour la F23 ou la F35 (têtes 14 bits). NB : Ces caméras enregistrent pour l’instant sur HDCam SR, un des supports les plus performants du cinéma numérique parce qu’il compresse moins le signal (c’est du 4:4:4, même ratio entre la chrominance et la luminance).

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Ce jour-là, grâce au fait que la XDCam F800 possède une tête en 14 bits( vous suivez ?), il « importe » dans la caméra une courbe Gamma « très nuancée dans les hautes lumières ». Traduction : les endroits de l’image où la lumière est forte ne seront pas « brûlés » très vite, mais seront reproduits avec plus de détails et de nuances, ce qui évitera les effets de seuil, le zonage, le nuancier en escalier qui apparaît souvent en numérique. C’est même une des hantises du numérique : on essaie donc de pallier, voire de supprimer ce phénomène en créant des courbes de Gamma.
Encore faut-il que les caméras acceptent ces courbes, c’est le cas de la F800.

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Avant le tournage Philippe, avec François Paturel ( cadreur et ingénieur de la vision) et Olivier Garcia, a effectué chez HDSytems des essais de surexposition et de sous-exposition (essais de key light) sur la mire DSC Labs afin d’évaluer la sensibilité de la captation. De même, il a réglé la définition électronique pour éviter un look « vidéo ». Enfin, il a testé avec Olivier plusieurs courbes de Gamma. C’est ce qu’il appelle les « essais de garage pour préparer le moteur ».

Sur le plateau, avant de filmer une scène proprement dite, on filme différentes mires :
- une charte de gris, qui permet d’évaluer la sensibilité et le bruit ;
- un noir pour évaluer le « bruit dans le noir » : en clair, est-ce qu’en basse lumière et dans le noir, on voit du bruit électronique ;

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- la mire DSC Labs (attention, ce morceau de métal coûte plus de 800 € !), qui permet entre autres de jauger la manière dont la caméra rend certaines couleurs étalons. Ici, à pleine ouverture de diaphragme, il faut observer les couleurs primaires.

« La caméra est saine », dit Philippe, parce qu’il n’y a pas de défaut apparent dans les verts. En sous-exposition, les teintes sombres sont rendues avec du détail et de la nuance, à ce stade on ne voit pas de « défaut de structure ».

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Les images sur le pont Alexandre III, avec un ciel blanc pas forcément favorable à la vidéo, et tous les détails des ornements à observer, confirment cet avis.

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Philippe passe ensuite à une autre méthode d’évaluation, qui consiste à séparer les couleurs. On a donc une image noir et blanc (attention, le noir et blanc se « crée », il faut établir une valeur de gris par couleur), et on fait « remonter » chaque canal de couleur séparément jusqu’à saturation de la phase, pour montrer les limites de chaque canal. Philippe sépare 16 canaux de couleur ; c’est le « matriçage ». L’image est à peu près illisible pour un néophyte !

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Là encore, on regarde le vert et le bleu avec attention… Pas de bruit, un beau dégradé. La séparation des couleurs est de bonne qualité. L’effet de seuil sur le soleil couchant dans les nuages ne finit par se sentir qu’avec un déréglage très poussé.

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Cependant, et je cite toujours Philippe, "le vrai juge de paix pour évaluer une caméra n’est pas l’observation sur le plateau, mais l’étalonnage".
Laurent Desbruères et Jérôme Brigueur, étalonneurs chez Digimage, poussent à leur tour le signal dans ses derniers retranchements sur une station Da Vinci 2K+ (assistante TC, Mariam Bousseta), le tout visionné sur un écran CRT 24 pouces (écran HD à tube, encore in-dépassé par les écrans HD plats).
Conclusion de l’expérience pour Philippe et les deux étalonneurs : ils conviennent que la caméra semble parfaitement remplir son rôle pour de la fiction télé. Pour le long métrage indépendant, d’autres tests seront nécessaires, avec cette fois-ci un étalonnage sur grand écran.

Voir en ligne : Présentation des caractéristiques techniques détaillées de la F800, par Jean-Charles Fouché

P.-S.

Philippe et son équipe ont tourné au début de l’année un pilote de fiction en XDCam F800, à voir ici.


La postproduction s’est déroulée chez Digimage Cinema.

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jeudi 3 décembre 2009, par Hélène de Roux

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